Cela fait exactement la trente quatrième fois que je raconte la même histoire, le trente quatrième médecins se penchant sur mon cas, la trente quatrième clinique que je visite en Angleterre. Et on me pose toujours la même question, celle qui me taraude l’esprit depuis si longtemps. Qui suis-je ?
Si vous, médecin de métier n’arrivez pas à le savoir, comment le saurais-je ?
Je crois que je m’appelle Peter. Non à vrai dire j’en suis certains. Peter Bartholomew, j’ai vingt trois ans. Il m’arrive parfois d’oublier ma date de naissance, mais cela n’arrive jamais bien longtemps. Car une coutume étrange nous oblige à donner des cadeaux chaque année et cela jusqu’à ce que l’on meure. Par exemple, pour mes vingt trois ans, maman m’a offert une paire de mocassin. Je déteste ce cadeau mais je le porte tout de même. Car j’ai peur qu’elle s’en vexe. Vous savez, si cela ne tenez qu’à moi, j’aurais balancé ces chaussures depuis longtemps. Seulement mon précédent médecin m’a conseillé de faire comme les autres. De copier, comme on dit. Tout cela pour passer inaperçu. Maman a toujours porté avec fierté les horribles bijoux que papa lui a offert. Et je lui ai demandé une fois. Pourquoi ? Elle m’a répondu qu’on ne doit pas vexer les gens qu’on aime. C’est pour ne pas la vexer que je porte des mocassins aujourd’hui. Car je l’aime. Quand j’ai tenté d’imaginer un monde sans papa et maman, je me suis à pleurer si fort que mon corps en tremblé. L’idée qu’ils puissent disparaitre est effrayante. C’est comme un monde sans lumière. Je ne saurais pas où aller. Seulement papa m’a promis une chose un soir, celle de partir un jour à la recherche de l’immortalité, afin de rester à mes côtés. J’y croyais très fort lorsque j’étais enfant. Seulement est-ce véritablement possible ? Je refuse de poser la question. Je ne veux pas perdre le dernier espoir qu’il me reste.

U.C