Quand on vit dans une famille bourgeoise, rien n‘est facile. Petit, on souffre de l‘absence de nos parents, on se cache derrière une carapace que peu de personnes arrivent à transpercer. Puis, on grandit avec un sentiment d‘abandon et, même si l‘argent coule à flot, il ne fait pas le bonheur. Ce qui me manquait, c‘était de l‘amour. L‘amour de mes parents et à cause d‘eux, je n‘ai jamais vraiment su ce que c‘était. Pour moi, c‘est à cause d‘eux si je suis comme ça aujourd‘hui, c‘est de leur faute si je n‘ai pas de cœur et un caractère de merde. Je n‘ai jamais voulu recevoir d‘ordres de quiconque, j‘étais la maîtresse de mon destin, n‘en faisais qu‘à ma tête et, je le vivais plutôt bien. Je m’étais fait à cette idée, je n’avais pas besoin de ma famille pour évoluer dans la vie, seulement d‘un cœur de pierre que personne ne pouvait atteindre et de courage. Oh ça oui, du courage, il en fallait pour se lever chaque matin sans aucun but précis. C’est tout ce qu’il fallait pour survivre. « Ma petite chérie, tu veux bien descendre cinq minutes s’il te plait ?! » Mais quand l’heure du fameux week-end familial retentissait, la fête commençait pour mon petit frère et moi. On avait droit à tout un tas de critiques vis-à-vis de nos comportements, de nos réflexions et le problème, c’est qu’on ne se laissait pas faire. Oh que non, les reproches fusaient à n’importe quelle heure, n’importe où et contre n’importe qui. Ils voulaient la guerre, ils allaient l’avoir. J’avais quatorze ans, j’avais besoin d’une mère qui me comprenne mais pour moi, cette dernière avait disparu pour laisser place à une pauvre conne qui ne pensait qu’à sa carrière. Faites des gosses mais assumez après merde ! Ouais j‘en voulais à ma mère et, pas qu‘un peu ! « Putain maman, tu peux pas m’appeler par mon prénom ? Y a toujours quelqu’un pour me faire chier dans cette baraque ou quoi ? » En plus de ça, c’était pas vraiment le bon jour pour me prendre la tête. Vous savez, une personne en colère c’est horrible mais, une adolescente en pleine crise en colère, c’est pire. Moi, ce que je souhaitais, c’était qu’on me foute la paix une bonne fois pour toute. Je savais ce qu’elle attendait de moi ! Faisant la moue, je descendis les escaliers et m’immobilisai devant celle qui se prenait pour ma mère et cet inconnu qui me regardait le sourire aux lèvres. « Chérie, je te présente un vieil ami. C’est lui qui m’a trouvé mon premier contrat et… » Et je n’avais pas besoin de plus d’explications pour comprendre où elle venait en venir. Ma mère était une ex mannequin mondialement connue alors bien sur, elle voulait que sa fille unique suive le même chemin qu’elle. Elle voulait être fière de moi, fière de dire que c’était grâce à elle que j’existais. Malheureusement, si j’avais son physique, je n’avais pas son caractère, son look et sa passion, chose qu‘elle n‘acceptait pas bien entendu. Je la coupai en riant intérieurement : « Contente de vous connaitre. Vous avez dû faire un long voyage pour venir jusqu’ici et, j’en suis désolée parce que je ne suis pas intéressée. A la prochaine. » Je fixai cet homme, vêtu d‘un joli costard et tout le tralala, ce vieux bourg si je puis dire et, lui fis un clin d‘œil par pure provocation avant de remontais dans ma chambre. Vous allez me dire, tout le monde rêve de devenir mannequin si facilement. C’est vrai, on est bien payé, on est connu et en plus de ça, le métier est servi sur un plateau d’argent ou d’or plutôt. Mais moi ce que je voulais, est-ce qu’elle s’en préoccupait ? Non pas du tout ! C’est vrai, qui est-ce qui n’a pas honte de dire que sa fille voulait faire de la musique ? Qu’elle adorait le rock, qu’elle jouait de la guitare à merveille et qui était passionnée de chant avant tout ? Cette femme qui m’avait mis au monde n’avait pas plus de valeurs que les personnes qu’elle fréquentait. « Faith, s’il te plait, reviens… »

Bon vous allez dire, la famille c‘est jolie mais, il n‘y a pas que ça dans la vie. Je suis d‘accord ! D‘ailleurs, la famille n‘occupe qu‘une infime partie de la mienne. La plus grande revient à mes amis et, je l‘avoue, un petit peu à « l‘amour » bien que je ne crois pas en celui-ci. C’est quoi l’amour d’abord ? Je suis tellement ignorante sur ce sujet que je prend mes petits-amis pour mes amis. Problème… « Je veux qu’on arrête de se mentir tous les deux. » ça faisait un an que je sortais avec un mec, si je me souviens bien, il s‘appelait Maxime. J‘avais seize ans quand on a commencé à se voir, il en avait dix-sept et, ça n‘a jamais été l‘amour fou entre nous. On avait chacun notre vie, nos amis et, on le savait autant l‘un que l‘autre qu‘on était pas fidèle. Trop jeunes pour s‘impliquer dans une relation sérieuse, trop cons pour faire un effort surtout. Notre histoire était simplement une suite de mensonges et, c’est à ce moment que je compris que je devais vraiment réagir. Il voulait la vérité ? Il allait l’avoir. « Très bien, tu veux que je te dise ? Je ne t’aime et, je t’ai jamais aimé. Je vais pas tourner autour du pot c’est vrai, tout le monde sait que je suis une garce et, que je dis tout ce qui me passe par la tête. Alors voilà, si je suis sortie toi c’était juste pour la drogue et le sexe… Bon d’accord, peut-être pour faire chier mes parents aussi. Mais, je n’ai jamais eu de sentiments ou… Ou n’importe quoi d’autres pour toi. Rien. » Oui, je l’avais bien dit, j’étais une garce. J’avais prononcé ces paroles tellement vite que je ne savais pas s’il les avait enregistré. Mais le pire, c’est que je ne ressentais rien. J’attendais les bras croisés, dans le canapé, une réponse de sa part. Il fixa le vide quelques secondes ce qui me fit soupirer parce que je n’avais aucune patience puis, il finit par prendre la parole à son tour. « Attend je rêve ou t’es en train de me larguer là ? » C’était si difficile à comprendre ? Des fois, j’ai beaucoup de mal à comprendre les mecs. C’est vrai, ils sont cons ou quoi ? Si on ne leur dit pas les choses clairement, ils ne captent pas le message. Je trouve ça vraiment absurde. Je me mis alors face à lui -comme ça, s‘il avait du mal à m‘entendre, il pouvait toujours lire sur mes lèvres- et, commençai à lui tenir un discours en le regardant droit dans les yeux. « Ecoute, il y a rien eu entre nous. Y a jamais eu de nous en fait, c’était juste toi et moi. C’était qu’un jeu mais, si tu considérais ça comme une relation oui, c’est fini. On peut toujours se voir si tu veux. » Je n’avais rien contre lui. C’était un bon ami et, j’avais passé de super moments avec lui. C’est juste que, je voulais pas qui s’attende à ce que je sois éternellement à ses côtés comme le ferait n‘importe quelle jeune femme amoureuse. Je voulais juste m’amuser, profiter de ma jeunesse et, je souhaitais qu’il fasse de même. J’en avais seulement marre de me cacher derrière un masque. « Non mais… T’es complètement folle Faith, ça fait un an qu’on sort ensemble. » Et on a jamais rien eu en commun. Je passais ma vie sur scène ou dans le garage a répété avec le reste du groupe. De son côté, il vendait de la drogue à gauche, à droite, passait ses après-midi dans les rues. Le seul moment où l’on se voyait, c’était en soirées. C’était pas une relation, je l’avais bien dit ! « Ca va, j’ai besoin de changement ! J’ai une putain de vie d’accord ? Je m’ennuie toujours et, si je veux pas crever faut que je change. J‘y peux rien moi… » J’osais les épaules d’un air innocent et au final, tous ces effort n’avaient servi à rien puisqu’il partit sans prononcer un mot. Alors c’est vrai ? C’était une garce ? N’importe quoi, j’ai une bouille d’ange, tout le monde le dit /sbaff/

Sinon, dans la vie professionnelle -non je ne suis pas mannequin maman !-, je suis chanteuse. Si si, je vous jure que c’est un métier de chanter. Bon d’accord, c’est une passion plus qu’autre chose mais, c’est vraiment ce que je veux faire. Et si ma famille me soutient pas -sauf mon frère d’amour-, je peux toujours compter sur mes amis pour s’occuper de cela. Ah oui, parce que je vous ai pas dit, je suis chanteuse d’accord mais, dans un groupe de rock. Et, dans un groupe, on se soutient quoi qu’il arrive. « Arrête de déconner Faith, on a besoin de toi tu le sais très bien ! » On se soutient, dans les bons comme dans les pires moments. Des fois, on fait une connerie, on dit quelque chose qu’on ne pense pas et ça dérape. On s’aime, on s’engueule, on ne se comprend pas mais, on se sert les coudes parce que c’est-ce qu’on fait dans une famille. Ils sont ma famille, que je veuille ou non. « Va te faire foutre, je reviendrais que quand t’auras jeté ta pouffe ! » Des fois, j’exagère mais, c’est pas ma faute, je suis comme ça. Je quittais la salle de répétition énervée, prenant ma veste au passage quand on me rattrapa par le bras. Je me retrouvai alors brusquement en soupirant. Ils avaient l’habitude de mes crises, j’étais comme ça, impulsive, je m’emportais facilement, généralement pour rien. « T’es jalouse ou quoi ? » Moi ? Jalouse ? Non, ça me ressemblait pas du tout… Méchant défaut ! Maxime ? C’était le guitariste de groupe, un bon ami, rien de plus. Il avait un sale caractère tout comme moi, c’est pour cela qu’il arrivait toujours à me faire changer d’avis, au bout d’un moment. Au bout d’un moment, même si ça prenait des heures… Bref, je fronçais les sourcils en commençant mon imitation. « Tu… T’arrêtes ça tout de suite d’accord ! Tu me connais Max, je supporte pas sa façon d’être, superficielle et ’oh vous appelez ça de la musique !’ ‘Coralynn, je pense que ça serait mieux si tu faisais ça !’ non, je peux plus. C’est elle ou moi, à toi de choisir mon chou. » Imitation réussie ! Il n’y avait qu’une seule et unique règle dans notre groupe. Ne jamais mélanger la vie du groupe et sa vie amoureuse. Chose qu’on avait laissé de côté quand cette tepu avait fait son entrée dans la vie de Max. Une semaine et demi que je la supportais elle et ses remarques déplacées. Je ne supporte pas qu’on me donne des ordres mais, venant de sa part, c’était encore pire. Qu’on me critique ok, pas de problème mais, qu’on critique mes amis et ce qu’on fait, c’est hors de question Elle ne me connaissait pas, je ne la connaissais alors, garder nos distances aurait été la meilleure solution. Elle voulait jouer à ce petite jeu avec moi ? Pas de problème, elle n’allait pas rester longtemps la pauvre. Je gagne à tous les coups !