Cher Journal ; J'ai huit-ans __ Je comprends pas pourquoi mes parents se hurlent dessus. Est-ce que c'est ma faute ? Moi, j'essaye de comprendre ses adultes qui se jettent des choses à la figure. J'ai peur parfois car mon papa lève la main sur ma maman et elle ne dit rien. Elle lui pardonne et elle me dit qu'elle l'aime. Moi, quand je vois du sang sur son visage je veux qu'on s'en aille, mais elle me dit qu'un jour je comprendrais pourquoi elle reste. Je me demande ce qu'elle veut dire par là ? Cependant, ils ne sont pas tout le temps comme cela. Je pense que c'est à cause de ce qu'ils fument et qui sent mauvais. Je déteste l'odeur et je comprends pas pourquoi ils fument cela à longueur de journée. Moi, je préfère jouer avec les autres enfants, car on est beaucoup dans l'appartement, ma mère dit qu'on est un « Regroupement Hippie ». Je sais pas ce que c'est, mais moi j'aime bien. J'ai des frères et sœurs qui ne le sont pas vraiment. On partage tout, nos chambres, nos jouets, nos douches. C'est rigolo. On s'amuse beaucoup même si je me fais beaucoup gronder. C'est que je suis un « Agitateur » me dit ma maman. On va pas à l'école car on a pas assez d'argent pour cela. C'est tante Martha qui nous apprend des choses à la maison. Moi, j'aimerais bien aller à l'école, peut-être plus tard car pour l'instant on doit rester à la maison pour surveiller que personne ne passe quand les grands sont pas là. On doit surveiller les plantations de l'oncle Joe dans le jardin. Je sais pas ce qu'elles ont de si exceptionnelles, mais l'oncle Joe à dit que si on est gentil, il nous achèterait un tourne-disque pour notre chambre. J'ai trop hâte.

Cher Journal ; J'ai quatorze-ans __ J'ai encore pris une correction de mon père. Est-ce que je le méritais cette fois ? Les coups de ceinture je n'arriverais jamais à m'y faire. Mon dos ne ressemble plus à rien, même si ma mère et tante Cloé me mettent une sorte de boue sur mes blessures. Il parait que c'est un truc bio, moi je trouve que cela sent comme les égouts. Cela me ferrait presque rire, mais je dois pas car je vais avoir encore plus mal. Je prends des coups car j'ose répondre à mon père et qu'il me traite de menteur. Mais, je lui mens pas. Je voulais dénoncer l'oncle Peter car je l'aime pas du tout. Déjà, nous les enfants, on ne l'aime pas. On aime pas quand il s'enferme avec nous dans sa chambre. On aime pas quand il pose une main sur nous et qu'il nous dit de « garder cela pour nous ». On aime pas ce qu'il nous oblige à faire. Alors, je commence à trainer dehors car je n'aime plus rester à la maison. On arrive à s'amuser à l'extérieur et à gagner un peu d'argent pour s'acheter des sodas. La ville est belle la nuit. On rentre tard car l'oncle Peter est endormi. Je prends encore des coups, mais je préfère cela. Sinon, j'adore quand ma mère et les autres femmes de la maison m'invitent pour leur atelier. Oui, j'adore coudre même si Billy dit que c'est pour les filles. Je gagne mon argent de poche comme cela car on coud des vêtements pour des voisines, pour des magasins. Ma mère n'arrête pas de me dire que j'ai un vrai don et que j'ai « des doigts de fées ». Moi, cela m'amuse et cela m'occupe. Je préfère cela à fumer ce que fume les autres. Il parait que j'ai l'âge, mais quand je vois mon père, je préfère pas.

Cher Journal ; J'ai seize-ans et demi __ Et, je viens de m'enfuir de la maison. Pourquoi ? Car, mon père avait encore frappé ma mère. Cela devait être un samedi soir comme un autre aux urgences, sauf qu'elle est mal tombée. Quand nous sommes arrivés à l’hôpital, c'était trop tard...Je le déteste tellement car lui au lieu de me prendre dans ses bras, il m'a accusé. Il m'a frappé devant tout le monde aux urgences. Il m'a dit que j'étais que « de la mauvaise graine » et que c'est moi qui aurait dû mourir à sa place. J'ai pleuré et je me suis enfui. J'avais froid. J'étais terrorisé et je savais même pas où j'allais dormir. Puis, j'ai rencontré Sammy, on se connaissait pas, mais il m'a prit dans ses bras et m'a serré fort car il sentait que j'en avais besoin. Je pense que quelque chose est arrivé. Je pense que je suis tombé amoureux au premier regard. Il m'a demandé de le suivre et il m'a montré un squat. Cela fait longtemps que Sammy est dans la rue, alors il m'a tout appris comment survivre. Il m'a montré la soupe populaire, il m'a montré comment voler dans les magasins. On s'amuse bien avec Sammy. Parfois la nuit, quand il a trop froid, il vient contre moi et il m'embrasse. J'aime bien quand il fait cela. Il dit par contre qu'on ne serra jamais ensemble car il croit pas à l'amour. Moi, je m'en fiche, je dois dire. Sammy c'est la première personne à être gentille avec moi. C'est la première à sécher mes larmes quand je vais pas bien. C'est le premier à rire de mes conneries. Je ferrais tout pour lui. Tout !

Cher Journal ; J'ai dix-huit ans __ Je m'en sors bien. J'ai même trouvé un petit boulot. Je suis costumier dans le centre ville. C'est à dire ? Je m'occupe de coudre et de faire des costumes. Le patron est sympa et il trouve que je travaille bien. J'adore coudre alors je fais aussi profité mes talents à des potes chanteurs de Sammy. Je m'occupe de recoudre leurs costumes quand ils chantent dans les bars le soir. On dit même que je pourrais travailler dans la mode, que je pourrais rentrer dans une grande maison, mais qui voudrais vraiment d'un jeune à problème ? J'ai même avoué á Sammy pour l'oncle Peter. Cela m'a fait du bien, même si du coup il m'a proposé quelque chose. Il m'a dit que ce que me faisait l'oncle Peter, il a des gens qui payent pour cela. J'avais pas trop envie, mais je l'ai fait pour Sammy car il dit qu'avec l'argent on pourra vivre comme des rois. Il m'a même dit qu'il n’emmenerait à un concert de Janis Joplin. Moi, je veux qu'on vive bien, alors je vais faire un effort. Après tout, je n'ai qu'à fermer les yeux et penser à autre chose. Les choses ont vite mal tournés. Il m'avait dit que si je voulais arrêter je le pourrais. « C'est toi qui contrôle, si tu veux plus le faire, on arrête. ». Mais, quand j'ai voulu arrêter, Sammy n'a pas voulu. Il m'a traité d’égoïste. On aurait dit qu'il avait prit goût à l'argent. Il voulait toujours plus. C'est vrai que je rapportais pas mal. On avait même un appartement maintenant grâce à moi. Il a commencé à être violent. J'ai alors compris ce que m'avait dit ma mère. J'aurais pu partir, mais j'étais amoureux. J'en avais rien à faire des coups. J'en avais reçu dans ma vie. Mais, il me faisait peur en vrai. « Je te jure, je te crève si tu me quittes. Je peux pas vivre sans toi. Je te crève et je me tue juste aprés. Je te jure que je le ferrais. » Alors, voilà ma vie, cher journal. Non, je n'arrêterais pas de sourire. J'aime toujours cette vie. Je vais tout simplement m'allonger dans mon lit et écouter Janis en boucle. Oui, Janis et moi, on se comprend, on sait ce que c'est d'aimer et d'en souffrir jusqu'au profond de son âme. Peace